Le cours du cacao : évolutions et perspectives

Le cours du cacao : évolutions et perspectives

  Bourse

Le cours du cacao dépend de nombreux facteurs : politiques, climatiques et économiques. La crise ivoirienne de 2011 l’a beaucoup influencé, suscitant la crainte des investisseurs. Aujourd’hui à peu près stabilisé, le cours du cacao n’en reste pas moins à un niveau assez élevé. Les entreprises trouvent donc des solutions alternatives… au détriment des consommateurs. Le cours du cacao va-t-il détruire le chocolat ?

Le cours du cacao et la crise ivoirienne

Le cours du cacao, quand la politique s’en mêle

Le cours du cacao dépend énormément de la situation politique en Côte d’Ivoire, premier exportateur et producteur mondial de la fève noire. Les élections présidentielles, fin 2010, qui ont donné lieu à la crise politique longue et meurtrière dans le pays, ont donc eu une influence directe sur le cours du cacao. En effet, immédiatement, la crise politique a fait paniquer les marché et les cours du cacao ont dégringolé : les investisseurs ont vendu en masse. Et pour cause : Alassane Ouattara ayant été reconnu comme le seul élu légitime par la communauté internationale, ses forces de soutien ont bloqué les exportations de cacao, principale ressource économique du pays avec l’arachide. La quantité de fèves stockées, donc non disponibles sur le marché, a augmenté très rapidement. Dès lors, les investisseurs ont anticipé le déversement brutal de cacao, une fois le blocus levé, qui allait provoquer une chute des cours du cacao… Et de fait, une fois les ports rouverts, ce ne sont pas moins de 400 000 tonnes de fèves qui se sont retrouvées sur le marché, accusant ainsi encore plus la baisse des cours du cacao qui aura été en tout de 30% en 2011 ! Cependant, cette chute n’a pas duré. Des grèves générales au Nigéria, quatrième producteur mondial, ainsi que des vents secs, l’harmattan notamment, et des sécheresses en Côte d’Ivoire et au Ghana voisin ont provoqué une baisse des récoltes… et donc une augmentation des cours du cacao.

Le cours du cacao : quand la demande dépasse l’offre

Mais les cours du cacao ne dépendent pas que des situations climatiques et politiques des pays producteurs. Comme tout cours soumis à l’action des marchés, le cours du cacao subit aussi la dure loi de l’offre et de la demande. Le principe en est simple et  connu de tous : si l’offre de produit est supérieure à la demande de ce produit, le cours baisse. A l’inverse, si l’offre est inférieure à la demande, alors le cours augmente, parfois de façon vertigineuse. C’est exactement la situation que vit aujourd’hui le cours du cacao. En effet, si cette matière première agricole est depuis longtemps consommée dans les pays développés comme les pays européens et les Etats-Unis par exemple, elle était quasiment absente des marchés des pays aujourd’hui émergents. C’est ainsi que la Chine et le Brésil ont une consommation de chocolat en hausse constante et importante. Ces pays sont de plus très peuplés. Bien que producteur, le Brésil exporte moins puisque la consommation de cacao dans ce pays et d’environ 2 kilos par an et par personne ! Dès lors, le cours du cacao s’en ressent fortement ! L’offre de cacao ne parvient pas à subvenir à la demande mondiale. Heureusement, des pluies salvatrices tombent enfin sur la Côte d’Ivoire et le Ghana, relançant ainsi la production. Néanmoins, les spécialistes considèrent que le cours du cacao ne descendra plus en-dessous de 2000 dollars la tonne. De fait, le 4 avril 2012, le cours du cacao était de 2138 dollars à la bourse de New York, en augmentation de 1,47% depuis le 1er janvier.

Le cours du cacao : comment les industriels s’adaptent

Les cours du cacao ont une influence directe sur le chocolat, issu de la transformation de la fève noire. Deux solutions s’offrent en effet aux industriels pour faire face à la hausse du cours du cacao : augmenter les prix ou réduire la quantité de cacao dans le produit fini. Quand les cours du cacao augmentent, c’est donc toujours le consommateur qui trinque ! Barry Callebaut, premier producteur mondial de chocolat, a par exemple augmenté ses prix de 5% pour s’aligner sur la hausse des cours du cacao. Fournissant des produits chocolatés haut de gamme, la firme ne pouvait en effet se permettre de réduire la quantité de cacao dans son produit fini. Mais ce n’est pas le cas de tous les producteurs. Et une directive européenne est venue les sauver de la volatilité des cours du cacao. En effet, une commission a établi la quantité acceptable de matières grasses, hydrogénées ou non, pouvant remplacer le beurre de cacao tout en conservant l’appellation de chocolat. C’est ainsi que de nombreux industriels ont allègrement réduit le volume de beurre de cacao dans leurs produits finis pour augmenter la quantité d’huile de palme ou autres ersatz indigestes, tout en continuant à vendre un produit sous l’appellation chocolat. Les cours du cacao font donc surtout souffrir le consommateur. Les industriels et les marchés, eux, en profitent !